L’Organisation Mondiale de la Santé reconnait le syndrome d’épuisement professionnel comme une maladie. Voici une nouvelle qui ravira 1 salarié sur 3 exposé à ce risque. Ce syndrome a un nom reconnu, officiel, qui « fait spécifiquement référence à des phénomènes relatifs au contexte professionnel et ne doit pas être utilisé pour décrire des expériences dans d’autres domaines de la vie ». Exit les extrapolations du « burn-out parental » ou autres abus de langage.
Mais à part cette précision terminologique, qu’est-ce qui va changer concrètement ? Inscrire une maladie sur un « inventaire médical » est une victoire symbolique, mais cela va-t-il alerter les pouvoirs publics, les organisations professionnelles, les managers, les salariés qu’il est grand temps d’agir concrètement pour prévenir les basculements dans le burn-out ? Je ne peux qu’être sceptique quand je pense aux alertes sur le climat qui restent sans vraies décisions concrètes et courageuses.
Je le vois tous les jours : il y a d’un côté des salariés en souffrance, qui ont perdu le sens de leur travail, qui ne peuvent plus accomplir un travail bien fait, et de l’autre, des managers qui ne comprennent pas pourquoi les équipes dysfonctionnent, qui ne savent pas quoi et comment faire… Les solutions sont sous leurs yeux : accepter de demander de l’aide, avoir le courage de dire – sans risquer de perdre son job, reconnaître les maladresses, les peurs. Tout cela coûte moins cher à l’entreprise que l’absentéisme, le turn-over, la perte des savoirs collectifs…mais nécessite un travail de fond, qui touche à l’organisation collective du travail. C’est plus difficile que d’acheter des baby-foot, certes.
Alors oui, le burn-out reconnu par l’OMS est une bonne chose, plus personne ne pourra dire d’un salarié qui craque « il a des problèmes personnels… » C’est un pas de plus vers la reconnaissance de « maladie professionnelle ».
Mais la route est encore longue…