Imaginez : vous faites une promenade à vélo, mais vous chutez et vous vous blessez au genou. Vous peinez à vous relever et à marcher. C’est le signe qu’il faut appeler les pompiers ou un médecin, ce que vous faites sans hésiter.
Maintenant, imaginez que vous êtes installé derrière votre bureau et que vous commencez votre journée de travail. Le cœur n’y est pas, comme chaque matin depuis quelques temps… Vous vous sentez triste ou en colère, dépassé.e ou angoissé.e à la simple idée d’ouvrir votre boîte mail. Mais vous allumez votre ordinateur et démarrez votre journée comme si de rien n’était. Et vous n’appelez pas le médecin.
Blessures physiques vs blessures psychiques
Pourquoi demande-t-on naturellement de l’aide en cas de blessure physique, et pas lorsqu’on ressent des émotions négatives, une perte de sens ou un sentiment d’inutilité au travail ? Parce que nous pensons que nous “pouvons gérer”, que “ce n’est pas grave”.
Nous attendons alors que ça passe et que la situation s’améliore comme par magie… Mais le temps passe et rien n’y fait. Colère, déprime, bleus à l’âme : chaque matin, ça reprend. Pire, notre état s’aggrave !
Souvent, on attend d’avoir touché le fond, on n’a plus le choix : demander de l’aide est une question de survie. On finit par craquer et prendre enfin conscience que cela ne peut plus durer. C’est seulement à ce moment qu’on demande de l’aide, mais avec une attente énorme et un besoin d’efficacité car on est à bout.
Pourquoi ? Parce qu’on ne voudrait surtout pas passer pour une personne faible, fragile. Parce qu’on croit parfois inconsciemment (ou pas) qu’il faut souffrir pour y arriver, qu’on va « tenir », qu’on est fort.
C’est comme si vous aviez boité pendant deux semaines avec votre genou blessé et douloureux avant de vous décider enfin à vous rendre aux urgences. Votre genou doit désormais être opéré, alors qu’une intervention plus légère aurait peut-être suffi si la blessure avait été traitée plus tôt (et cela vous aurait épargné 2 semaines de souffrances inutiles).
Il en va de même pour les troubles psychiques liés à la souffrance au travail : il ne faut pas attendre d’aller mal pour demander de l’aide. Et rester dans la souffrance ne mène à rien d’autre que plus de souffrance.
A partir de quand demander de l’aide ?
Les premiers signes d’un mal-être peuvent être difficiles à déceler. Écoutez-vous ! Lassitude, fatigue chronique, perte de motivation, troubles du sommeil et de l’appétit, idées noires, colère persistante… Si vous remarquez que ces symptômes s’installent dans la durée, il est temps de demander de l’aide.
Savoir exprimer ce qui ne va pas et indiquer clairement ses limites est signe de maturité et de conscience professionnelle ! Si vous vous sentez particulièrement fragile ou vulnérable, il est préférable de faire appel à un médecin. Dans tous les cas, il est essentiel de pouvoir faire part de votre situation à une personne qui saura vous écouter et vous aider à aller mieux : votre manager, votre responsable RH, votre médecin du travail. On en parle ?